Seize ans après les bombardements de l’OTAN, les traces du passage de l’OTAN sont encore visible. Des marques indélébiles sur la carte de la capitale serbe.
24 avril 1999. Sous la bannière de l’OTAN, une douzaine de pays, dont la France, participent aux frappes militaires qui s’abattent sur la Serbie. Une manière de « punir » le Président serbe Slobodan Milosevic, jugé coupable de mener une politique de purification ethnique contre la population albanaise du Kosovo. La ville de Belgrade est pilonnée pendant onze semaines. Les bombes détruisent principalement les bâtiments stratégiques du régime, mais elles touchent aussi des civils. 2500 Belgradois trouvent la mort et près de 12 500 autres sont blessés durant cette campagne de bombardements.
Si la plus grande partie de la capitale serbe est aujourd’hui rénovée, il reste encore quelques stigmates de ces attaques. Ces bâtiments détruits par les bombes de l’OTAN sont encore bien visibles presque seize ans après les faits.
Les bâtiments de l’armée de l’air, situés au nord de Belgrade, ont été visés par les frappes aériennes de l’OTAN dans la nuit du 4 au 5 avril 1999. Des habitations et un réservoir d’eau ont également été détruits. Plus de photos
Le bâtiment de l’état-major reste le symbole de ces bombardements. Situé en plein centre de Belgrade, ce modèle d’architecture socialiste, construit en 1955 par Nikola Dobrović, fut éventré par des tirs d’obus dans la nuit du 29 au 30 avril 1999. Le bâtiment est inscrit au patrimoine culturel de la ville en 2005. Il est inoccupé depuis sa destruction, aucune rénovation n’a jamais été entreprise. Plus de photos
Dans la nuit du 22 au 23 avril 1999, le bâtiment de la radio-télévision serbe (RTS) a été la cible des frappes de l’OTAN. Seize personnes sont décédées lors de cette attaque. En 2014, quinze ans après ces événements, un parc et une stèle ont été inaugurés près des décombres. Plus de photos.
Et demain ?
Pourquoi ces ruines sont-elles encore visibles aujourd’hui ? Certains édifices ont déjà eu droit a une seconde vie : l’hôtel Yougoslavie a rouvert ses portes en 2007, tandis que l’ambassade chinoise a été totalement reconstruite. D’autres sont restés en l’état. Ni démolition, ni restauration.
En 2007, L’ancien bâtiment de l’Etat-major de l’armée yougoslave a été mis en vente pour la somme de 80 millions d’euros, selon la Direction républicaine pour les biens culturels de Serbie. L’édifice, inscrit au patrimoine culturel de la ville depuis 2005, doit être déclassé pour faciliter sa cession. Cette mesure, associée à l’obligation de reconstruire le bâtiment dans son état d’origine, avant toute reconversion, retarde considérablement la vente. Aujourd’hui, il n’a toujours pas trouvé acquéreur. Entre manque d’argent et devoir de mémoire, l’avenir de ces bâtiments reste fragile et incertain.
Rédaction : Sophie Samaille
Reportage : Sophie Samaille et David Ravier
(Encadrement : LG, JAD et CR)